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UNION DES ARTISTES MODERNES

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Le mouvement moderne français réunit un ensemble de créateurs appartenant à différents métiers, liés par une communauté de pensée et de principes, qui décident de s’associer après leur départ du Salon des Artistes Décorateurs (SAD) en 1929 où ils exposaient jusqu’alors.

Une Union née d’une rupture avec l’Art Officiel de l’époque dont l’influence domine à la SAD, avec l’objectif commun de renouveler la création mobilière en France, grâce par exemple, à l’application des principes de l’architecture aux arts décoratifs et l’utilisation de matériaux nouveaux.
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L’Union des Artistes Modernes est créée 15 mai 1929 par une assemblée constitutive qui se réunit au siège de l’association, chez Hélène Henry, 7, rue des Grands-Augustins à Paris. Le comité directeur se compose d’Hélène Henry, René Herbst, Francis Jourdain et Rob. Mallet-Stevens, Raymond Templier en est le secrétaire et trésorier. Les membres fondateurs sont Pierre Barbe, Louis Barillet, Jean Burkhalter, Joseph Csaky, Etienne Cournault, Sonia Delaunay, Jean Fouquet, Eileen Gray, Robert Lallemant, Jacques Le Chevallier Pierre Legrain, Pablo Manes, Jan et Joël Martel, Gustave Miklos, Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Jean Puiforcat, André́ Salomon, Gérard Sandoz. Pierre Chareau adhèrera à l’association l’année suivante et seul parmi les modernes, Djo Bourgeois ne rejoindra pas le mouvement.
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Le groupe élabore les principes de l’association et ses règles et décide à cette date, d’exposer ensemble chaque année, boudant ainsi les expositions annuelles du Salon des Artistes Décorateurs où ils étaient, depuis déjà plusieurs années, mal considérés.
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L’association a pour but de grouper des artistes en sympathie de tendances et d’esprit, de rassembler leurs efforts et d’en assurer la manifestation au moyen d’une exposition annuelle à Paris et d’un bulletin de propagande. Une liste de membres français mais aussi étrangers, vient consolider cette naissance qui donne lieu à une première exposition au Pavillon de Marsan par l’Union Centrale des Arts Décoratifs du 11 juin au 14 juillet 1930. L’exposition se veut innovante et présente un décloisonnement des disciplines artistiques et une ouverture aux créateurs étrangers les plus modernes comme le montre l’invitation de Gerrit Rietveld et Bart Van Der Leck, créateurs hollandais appartenant au mouvement De Stijl. Dans le même temps, la Société́ des artistes Décorateurs reçoit, au Grand Palais, le Deutscher Werkbund et le Bauhaus, représentés par Walter Gropius, Laszlo MoHoly-Nagy, Marcel Breuer et Herbert Bayer.
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La première présentation de l’UAM, malgré́ l’incontestable qualité́ des travaux exposés, continue de s’attacher à la séparation par stands ce qui provoque de vifs débats au sein des adhérents. D’emblée, dans la plaquette de présentation qui accompagne l’exposition, l’UAM fait part de ses intentions, qui sont de favoriser l’essor d’un mobilier sobre, dépourvu de toute ornementation superflue, à l’instar du travail de Francis Jourdain le « thérapeute moderne » qui s’oppose à la majorité́ des meubles disponibles de facture le plus souvent historiciste. L’aménagement général est confié́ à Rob. Mallet-Stevens ; le hall d’entrée est souligné́ d’une frise lumineuse d’André́ Salomon ; les sculptures de Jan et Joël Martel. Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand montrent l’équipement intérieur d’une habitation, exposé au Salon d’automne de 1929, fondé sur le système de « caissons types » métalliques. Robert Lallemant propose un coin de repos du navigateur avec une table en verre et métal chromé, René Herbst, un piano pour la maison Pleyel, une table de bridge et les sièges Sandows en métal nickelé́. Louis Sognot et Charlotte Alix exposent une salle de conseil, transformable en pièce de travail, réalisée pour les Laboratoires Roussel ainsi que le mobilier conçu pour le Palais du Maharadjah d’Indore ; Émile Guillot, un ensemble de mobilier de bureau édité́ par Thonet, Jean Burkhalter, un Salon de repos comprenant des sièges en tube de métal peint et en corde et ses tapis, Pierre Chareau, une grande bibliothèque et un bureau-table de secrétaire en fer forgé et poirier. Dans la salle réservée à la sculpture qu’ornent des affiches de Jean Carlu, se trouvent les derniers meubles de Jean Prouvé. Sont également présentés des objets décoratifs d’Etienne Cournault, l’orfèvrerie de Jean Puiforcat, les bijoux de Jean Fouquet et Raymond Templier. Les trente-deux premiers membres de l’UAM sont représentés, elle en comptera plus de trois cents au fil du temps, : Pierre Barbe, Louis Barillet, Georges Bastard, Jean Burkhalter, Jean Carlu, Paul Colin, qui réalise l’affiche de cette exposition, Etienne Cournault, Josef Csaky, Sonia Delaunay, Jean Dourgnon, Jean Fouquet, Eileen Gray, Hélène Henry, René Herbst, Lucie Holt-Le-Son, Francis Jourdain, Robert Lallemant, Jacques Le Chevallier, œuvres de Pierre Legrain, auteur du logotype de l’UAM. et qui vient de mourir, Rob. Mallet- Stevens, Pablo Manes, Jan et Joël Martel, Gustave Miklos, Jean-Charles Moreux, Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Jean Puiforcat, André́ Salomon, Gérard Sandoz, Louis Sognot et Charlotte Alix, Raymond Templier. Au rang des artistes invités: Pierre Chareau, Marcel Gascoin, Alfred Gellhorn, Jean Ginsberg, Blanche J. Klotz, Jean-Lambert Rucki, Eyre de Lanux et Evelyn Wild, Gerrit Rietveld et Bart van der Leck, Claude Lévy, Berthold Lubetkin, Hélène de Mandrot, Man Ray, Emanuel-Josef Margold, Joseph Nicolas, Willem Pennat.
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L’admission au sein du groupe est stricte puisque deux voix contre l’entrée d’un candidat suffisent à lui en interdire l’accès, ceci pour maintenir une grande cohésion entre les différents membres ou invités. Les membres actifs de l’Union s’engagent à faire leur exposition annuelle principale dans le cadre de l’UAM où comme ils le revendiquaient, ils exposent leurs œuvres tous ensemble.
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De nombreux détracteurs leur reprochent la froideur de leurs créations et un style qualifié de clinique, ou encore de ne pas être en phase avec la réalité des besoins des gens simples, qui n’ont pas vraiment les moyens de s’offrir un bar ou un rocking-chair en tube nickelé.
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Paradoxalement, si les créateurs appartenant à l’UAM défendent un art social, leurs propositions restent ignorées des industriels et ils seront, par force, liés à des clients-mécènes et à un artisanat de luxe qui favoriseront sa qualité sinon sa diffusion.
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Une tentative d’association de l’UAM avec des industriels et la revue l’Architecture d’aujourd’hui échoue. Néanmoins une collaboration fructueuse et la création d’une commission permanente d’échanges voient le jour entre l’UAM et l’Office Technique pour l’utilisation de l’Acier (OTUA) où créateurs de formes et producteurs de matériaux, proposent d’étudier ensemble l’aménagement de cabines de paquebots. Ces projets n’ont cependant pas abouti.
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À ces difficultés s’ajoute l’arrivée d’une crise économique qui atteint la France en 1932 et ne rend pas la tâche plus facile aux créateurs de l’UAM. Lors du troisième salon au Pavillon de Marsan, l’affiche de Carlu Pour le désarmement des nations provoque un tollé et le retrait de l’affiche par l’UCAD. Si la rupture avec L’Union Centrale des Arts Décoratifs est actée, le salon est néanmoins un succès et ce malgré ses nombreux détracteurs, parmi lesquels figurent Camille Mauclair et Paul Iribe qui critiquent l’inspiration « à leur goût trop germanique » de leurs créations. Paul Iribe ira même jusqu‘à publier un plaidoyer pour la protection des industries de luxe contre les fâcheux effets d’un rationalisme rampant qui les menace de mort. La peur de l’étranger renforce un sentiment nationaliste fort, qui fait craindre à de nombreux critiques que les modernes aient perdu leur identité propre et l’UAM est tout particulièrement visée par ces accusations de collaborations avec les Allemands ou les Soviétiques.
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Le salon de 1933, sera le dernier organisé par l’UAM, il se tient en raison du refus de l’UCAD de les accueillir à la Galerie de la Renaissance du 30 mai au 28 juin.
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En 1934, année où les peintres sont officiellement conviés à être membres actifs de l’UAM, le groupe est invité par le Salon des Arts Ménagers a participé à la première Exposition de l’Habitation organisée par la revue L’Architecture Aujourd’hui.
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La même année, le manifeste de l’UAM Pour l’Art Moderne, Cadre de la vie contemporaine, rédigé par Louis Chéronnet est remis lors d’une soirée chez Rob. Mallet-Stevens le 5 juillet 1934. Un texte rédigé afin d’expliquer leur démarche commune et de répondre à toutes les attaques les plus récurrentes, auxquelles font face les créateurs de l’UAM. Des invitations remplacent le Salon annuel du groupe : Salon d’Automne de 1934 et 1936, Salon de la Lumière en 1934 et 1935, Salon des Arts Ménagers de 1937.
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Le groupe n’est certes pas invité lors de l’Exposition Universelle de Bruxelles en 1935 mais la section architecture revient à Pierre Chareau et celle de l’Urbanisme à René Herbst.
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L’exposition Internationale des Arts et Techniques de 1937 est la dernière manifestation de l’UAM avant la Seconde guerre mondiale et la dispersion de ses membres, mais les conditions qui leur sont faites pour exposer ne satisfont pas vraiment les exigences du groupe. Il n’y aura pas à proprement parler de Bazar, réunion d’objets usuels bien qu’une partie de l’espace est collective, l’exposition se fera encore essentiellement sous la forme de stands. De nombreux Pavillons sont réalisés par les membres de l’UAM. Il faudra attendre la fin de la guerre et la reformation de l’UAM sous la présidence de René Herbst mais sans Rob. Mallet-Stevens décédé et Pierre Chareau aux États Unis, pour que soit enfin appliquée l’idée du « Bazar d’objets usuels et de qualité » lancé par Francis Jourdain en 1925 puis en 1937, sans succès. Il en résulte la naissance de « Formes Utiles, Objets de notre Temps » en 1949, première exposition présentée par l’UAM après-guerre dans le cadre du Salon des Arts Ménagers au Musée des Arts Décoratifs. L’exposition montre qu’il existe des objets usuels courants, produits de l’artisanat ou de l’industrie, à un prix abordable qui contribuent au bien-être de chacun. L’exposition est complétée par un nouveau manifeste en 1949 qui réaffirme les objectifs du collectif. La scission devient inévitable. « Formes Utiles » se dégage progressivement de l’UAM pour devenir une association indépendante sous la présidence de René Herbst, le 17 décembre 1956. L’UAM est finalement dissolue le18 décembre 1958.
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