Architecte d’intérieur, créatrice de mobilier, de luminaires, de tapis et d’objets d’art.
Née en Irlande, elle étudie à la Slade School of Fine arts de Londres puis en 1902, à Paris, à l’Académie Colarossi et l’Académie Julian.
Plus intéressée par les arts décoratifs et appliqués, elle s’initie à l’art du laque auprès du Japonais Sugawara, rencontré en 1907 et à l’art du tapis. Elle s’installe rue Bonaparte où elle restera jusqu’à sa mort. En 1913, ses premières créations en laque sont exposées au Salon des artistes Décorateurs et remarquées par Jacques Doucet qui lui achète le paravent à quatre feuilles Le Destin.
En 1922, l’appartement qu’elle décore pour Madame Mathieu-Lévy, propriétaire du Salon de la modiste Suzanne Talbot, lui apporte la notoriété́ ; elle dessine des tapis, des lampes, des panneaux décoratifs en laque, des meubles dont le sofa Pirogue et le fauteuil Serpent.
Elle expose au Salon d’Automne où elle rencontre Rob Mallet Stevens qui lui commande des pièces pour la Villa Noailles. Toujours en 1922, elle ouvre sa boutique « Jean Désert » où sont présentées ses laques et tapis. Ses premiers contacts et sa rencontre avec l’architecte Jean Badovici sont le point de départ d’une phase créative radicalement moderne.
Son premier essai en architecture est un coup de maître qui voit naître son œuvre phare : la Villa E. 1027, construite pour elle-même et son commanditaire Jean Badovici à Roquebrune-Cap-martin (1926-1929). Les plans et les dessins sont présentés à la première exposition de l’UAM dont Eileen Gray est membre dès la fondation. Comme pour chacune de ses futures constructions, à usage personnel, elle conçoit également le mobilier dont l’esthétique évolue à partir de 1929 avec l’utilisation de tube chromé, de glace, aluminium, bois peint et liège, mis en œuvre pour des pièces légères, mobiles, convertibles. Elle signe des œuvres emblématiques de la modernité, comme le fauteuil Transat, la chaise Bibendum et le miroir Satellite. Elle décide ensuite de construire une nouvelle maison au lieu-dit Castellar près de Menton, qu’elle nomme Tempe a Pailla. Elle conçoit là encore, tout le mobilier qu’elle intègre encore davantage à l’architecture. Le chantier est achevé en une année en 1934. Parallèlement, elle continue à créer des paravents, utilisant cette fois des matières bien différentes de celles de ses débuts comme le celluloïd. Eileen Gray utilise encore le métal et plus particulièrement des tiges de métal pour réaliser des structures de fauteuils tendus de toile ou en tôle. En 1937, elle conçoit un Centre de vacances, Club régional, Équipement du logis pour le Pavillon des Temps Nouveaux de Le Corbusier, à l’Exposition internationale des Arts et Techniques dans la vie moderne.
Entre 1954 et 1958 elle réalise sa dernière maison située près de Saint-Tropez, Lou Perou pour remplacer celle de Castellar qu’elle vient de vendre. Dans cette maison pièce unique, elle va notamment entreprendre un cloisonnement des pièces existantes pour créer différents espaces, réalisant ainsi une remarquable fusion entre les espaces nouveaux et anciens.
C’est seulement à la fin de sa vie que l’on s’intéresse à nouveau à son œuvre, notamment à la suite de la vente du contenu de l’appartement du couturier Jacques Doucet en 1972. La même année, la British Society la nomme Royal Designer for Industry.
Elle décède à Paris le 31 octobre 1976.